Je crois que votre vie a besoin de plus de laine.
Il faut bien l’admettre, c’est une citation que les crocheteuses apprécient. Et c’est la première chose qu’on peut lire sur la page ‘About’ de Knits for life. Je suis certaine que vous avez déjà vu les créations de Lorna Watt sur Pinterest, Twitter ou Facebook… elles sont colorées et belles et impossibles à ne pas remarquer. Lorna est fondatrice de Knits for Life et designer de crochet & de tricot. Elle travaille avec sa soeur en tant qu’artiste pour le Downtown Art Project.
Lorna est de Silicon Valley en California, a voyagé dans 15 pays sur 3 continents et parle 3 langues. Son amour de l’art urbain, découvert alors qu’elle vivait en Europe, a mené aux yarn bombs. Elle possède un bac en études allemandes, un autre en biologie, de même qu’une maîtrise en biologie des plantes. Lorna a enseigné des labos de niveau universitaire et a coécrit plusieurs études. Elle est, disons-le, impressionnante.
Lorna a généreusement accepté de se prêter au jeu de l’entrevue. Bonne lecture!
(ACCROchet) Qu’est-ce que tu voulais devenir quand tu étais petite?
(Lorna Watt) Je voulais obtenir un paquet de doctorats dans tous les sujets imaginables – de l’astronomie à la biologie. Je crois toujours qu’il faut profiter pleinement de la vie pendant qu’on est là. J’aime les langues et j’ai donc été vivre en Espagne et en Allemagne, j’ai visité 15 pays sur 3 continents. Après avoir obtenu mon bac en études allemandes, et mon bac et ma maîtrise en biologie, j’ai pris un crochet et suis devenue accro. J’essaie de me convaincre de ne pas m’inscrire dans un programme d’arts en ce moment!
Quel a été ton premier yarn bomb? Pensais-tu alors qu’il était possible d’en vivre?
Tous mes voyages menaient à une caméra remplie autant de trucs touristiques que de photos d’art urbain. À travers cet art on peut lire les pensées et comprendre la vies des gens qui ne sont pas formés pour ou qui n’ont pas la possibilité de véhiculer leurs opinions de la manière traditionnelle, mais qui ont des perspectives tout aussi importantes. Quand j’ai entendu parler de yarn bombs la première fois, ça m’a donné l’occasion de me joindre à quelque chose qui faisait partie de mon médium choisi. L’art urbain ce n’est pas que la peinture en aérosol. Et si les arts de la fibre peuvent se joindre aux artistes de la rue… on peut se dire que c’est possible pour tous les arts et ça c’est bien.
Mon premier yarn bomb c’était une paire de pieds d’elfes sur une boîte aux lettre près de notre bureau de poste local, dans le temps des fêtes – une période déjà euphorique et angoissante. La plupart des gens sont inquiets à l’idée de se faire punir, mais dans mon cas ça a été le contraire: les gens d’affaire et le bureau des travaux publics m’ont contacté pour que j’en fasse plus. Depuis, ça a déboulé. Ma soeur et moi partageons maintenant un studio dans lequel nous travaillons ensemble à temps plein.
Tu réalises aussi des projets sur mesure. Comment t’y prends-tu?
Etsy maintient une communauté merveilleuse de personnes qui croient que ce qui est fait à la main a une valeur intrinsèque. Ma boutique reçoit plusieurs demandes chaque semaine pour des créations sur mesure : remplacer un gant, créer un cadeau pour les générations futures, recréer des trucs vus à la télé ou dans les films. Aussi, nos plus gros yarn bombs génèrent beaucoup d’intérêt de la part d’entreprises locales et internationales. Quand quelqu’un communique avec moi pour un projet, j’essaie de comprendre les besoins et le budget disponible, puis je fais une esquisse qui respecte ces paramètres.Il arrive que certaines personnes ne réalisent pas le temps requis pour des créations à l’aiguille, mais généralement on arrive à s’entendre sur un design et à la fin tout est encore mieux que ce qu’on s’imaginait au départ. Certains de mes projets préféres sont Mr. Bean’s bear, un projet pour une vitrine champêtre dans une boutique de laine locale, et les singes dans des bananiers dans un établissement préscholaire.
En ce moment j’ai hâte de réaliser un yarn bomb aux siège social de Twitter. (“plus tard” par rapport au moment de l’entrevue)!
Et en plus, tu vends des patrons, des créations, etc. Dors-tu??
Au lieu de passer plus de temps à faire plus de choses, je divise mon temps entre plusieurs choses qui me stimulent et me gardent à flôt. Publier des patrons finance mes yarn bombs alors je crée des modèles excitants pour payer mes factures. J’ai arrêter de créer des produits finis et je laisse l’argent entrer passivement via les téléchargements digitaux. C’est une meilleure façon d’utiliser le temps que j’ai & d’éviter de me fatiguer de faire la même chose des dizaines de fois.
Comment ta soeur et toi vous séparez-vous le travail? Comment as-tu appris le crochet?
Quand ma soeur, Jill, n’est pas occupée à enseigner le tricot au camp de vacances, nous travaillons ensemble à temps plein. C’est un des plus gros avantages de mon emploi parce que nos talents se complètent parfaitement. Je suis très minutieuse et elle est très organisée. Je rêve et elle est terre-à-terre. J’ai la couleur et elle aime la fantaisie.
Nous avons appris le crochet à partir de livres quand nous étions plus jeunes. En 2010, nous avons repris nos aiguilles et nos crochets avec l’aide de Youtube et de sites comme Knittinghelp.com.
J’aime beaucoup le fait que pour chaque vente, tu plantes un arbre dans la forêt tropicale. Parle-moi de ça, de pourquoi c’est important pour toi, et de combien d’arbre ont été plantés à ce jour.
Pour chaque item fait à la main que je vends, je fais don d’un arbre à la campagne Plant a Billion de The Nature Conservancy pour raviver la forêt tropicale au Brésil. À date ce sont des centaines d’arbres qui ont été plantés et j’aime bien pensé à cette forêt faite à la main quelque part. Dans mes recherches sur l’évolution de la biodiversité, j’ai appris que les tropiques abritent le plus d’espèces de tous les endroits de la planète, donc c’est l’endroit le plus payant à raviver. Quand j’ai abandonné mes recherches en évolution des plantes, j’ai voulu créer un pont entre cette vie et ma nouvelle vie – et Plant a Billion m’a permis de le faire de façon pratique et efficace.
As-tu des rêves d’un yarn bomb ultime? Un projet qui ferait que tu sentirais que tu as tout accompli?
J’arrive tout juste de mon premier voyage en Chine. Pendant que j’y étais l’émission Full Frame de China Central Television a diffusé une capsule à propos de Jill et moi. Cette émission qui traite de créativité est diffusée partout dans le monde. Quand la capsule a été enregistrée à San Francisco, je ne savais pas que je serais en Chine pour sa diffusion. Être assise dans ma chambre d’hôtel en Chine à nous regarder, ma soeur et moi, en train de créer un yarnbomb sur le Ferry Building de San Francisco ça a été un gros moment dans ma vie.
Peut-être que Oprah ou Stephen Colbert battraient ce moment…
En ce qui concerne mes projets, j’aimerais organiser un festival international de yarn bombs pour montrer la variété de techniques et de messages que les yarnbombers à travers le monde partagent dans la rue.
Quels sont tes conseils pour les gens qui veulent faire des yarn bombs chez eux. Comment ne pas se faire arrêter, ou trouver les matériaux, etc.
J’ai entendu parler de yarnbombs qui ont été volés, ou de gens à qui on a demandé de les retirer, mais je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui a véritablement été puni. Il faut se rappeler que les yarnbombs sont une forme non-destructive de graffiti. Le piere qui peut arriver aux autres artistes c’est la prison ou une amende salée. Ceci dit, je pense que c’est plutôt poule mouillée que d’avoir peur de se faire punir pour un yarn bomb, non? À la place, il faut se servir de cette dichotomie à notre avantage et penser à ce qui peut arriver de mieux.
Bon point! Et merci de tout coeur pour tes réponses! Good point!
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Lorna Watt Fondatrice Knits for Life, Artiste Downtown San Mateo Association
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